Dossier sur le Gui

Sommaire

Une lumière au cœur de l’hiver
Le Gui, plante symbolique de l’hiver
La Nature Cosmique du Gui
Le Gui et l’Ancienne Lune
Un comportement d’extra-terrestre
Mythe de Balder
Rama et la plante sacrée des druides
La Symbolique Celtique
Druide
Le Gui et la Lune
Le Rameau d’or
Le Gui, Plante de Lumière
Les relations du Gui et de l’arbre
Noël, Fête de la Lumière.
Le Gui

Une lumière au cœur de l’hiver

Chacun de nous a pu apercevoir au début de l’hiver ces petites touffes de boules blanches qui ornent les arbres. Le Gui est présent toute l’année mais c’est l’hiver qui le révèle, qui lui donne sa puissance et sa beauté.
Bien peu de gens le connaissent réellement. Pour beaucoup il évoque quelque chose d’un peu mystérieux, de lointain. C’est vrai qu’il se développe loin de nous dans l’espace (il est souvent très haut dans les arbres) mais loin aussi de notre compréhension, c’est une plante qui pousse totalement en dehors de l’intervention humaine.

Plante parasite pour les uns. Plante sacrée, symbole des traditions druidiques, pour les autres. C’est encore elle qui accompagne les fêtes de fin d’année, c’est sous son éclat que l’on s’embrassera à l’aube du nouvel an.

A travers l’étude de ces différents éléments, nous allons essayer de rentrer dans la compréhension de sa nature profonde, de son essence. Quel message nous délivre t-il…

Le Gui, plante symbolique de l’hiver

C’est en hiver que le Gui prend toute sa signification. Alors que dans la nature toute vie semble avoir disparu, c’est aux environs du Solstice d’hiver (22 décembre) que les petites baies sphériques du Gui arrivent à maturité.

L’Hiver dans les rythmes de la nature appartient à Saturne, période sombre où la lumière extérieure manque. Bien que les plantes aient disparu de la surface du sol et que les arbres ne portent plus de feuilles, la vie est toujours là mais elle a pris un chemin intérieur, souterrain. L’Energie vitale se prolonge au sein des racines ou des graines dans l’attente du renouveau printanier.

La saison hivernale est un moment d’intériorisation que l’on peut observer dans la nature mais aussi en nous-même. Notre état de conscience change, Saturne nous invite à nous rapprocher de notre Etre profond, à nous plonger au fond de nous-mêmes. A la différence de l’été où la vie se manifeste avec exubérance, l’hiver nous ramène à l’essentiel.

C’est donc à ce moment très particulier du solstice d’hiver que le Gui manifeste toute sa vitalité, contraste étrange dans ce sommeil hivernal.

La Nature Cosmique du Gui

Pour les Anciens Celtes, le Gui était considéré comme étant de nature Cosmique et il est vrai que cette plante ne se comporte en rien comme les autres.

Une des particularités de cette curieuse plante est de n’être pas issue de la terre puisque le « sol » dans lequel elle plonge ses racines est la partie vascularisée donc vivante des arbres. D’autres végétaux poussent sur les arbres, ainsi certaines orchidées tropicales dites épiphytes mais dans ce cas, le végétal se développe sur l’arbre sans qu’il y ait le moindre échange entre eux.

On ne peut pas non plus voir le Gui comme un simple parasite (contrairement aux idées largement répandues) car, contrairement aux vraies plantes parasites qui ne sont pas capables d’élaborer leur photosynthèse de manière autonome, le Gui possède son propre système pour synthétiser la chlorophylle, à tel point que toutes se parties sont vertes.

La raison pour laquelle le Gui pousse sur les arbres est donc tout autre. Il n’a aucune affinité avec la nature minérale du sol. La substance minérale représente le dernier stade de la matière où la vie s’exprime et évolue mais sous une forme très dense. Limite de la vie et de la mort, il suffirait de peu de chose pour que la vie s’immobilise totalement et que plus rien ne circule dans une contraction fatale.
Le Gui a besoin d’un milieu plus vivant, plus fluide pour se développer. La « terre » dans laquelle il s’enracine sont les tissus vivants des branches de l’arbre, là où circule la sève brute. La terre ne peut enfanter le Gui, l’arbre en revanche représente un sol vivant, un substrat de nature différente de la terre minérale.

Pour les Anciens, cette plante qui se développait en dehors des énergies terrestres et de l’intervention humaine n’était pas d’origine terrestre mais cosmique.

Le Gui et l’Ancienne Lune

Rudolf Steiner, médecin et chercheur infatigable, fondateur du mouvement anthroposophique, s’est longuement penché sur l’étude du Gui. Ses recherches menées avec érudition mais aussi clairvoyance ont fait apparaître des conclusions qui accréditeraient les croyances des anciennes traditions celtes et germaniques.

Selon Rudolf Steiner, le Gui perpétuerait les traits fondamentaux d’une forme d’existence archaïque antérieure au stade terrestre. Sa patrie d’origine était ce que R. Steiner appelle l’Ancienne Lune ainsi nommée parce que la lune actuelle en serait la scorie. La Science spirituelle la décrit comme étant la phase de manifestation précédant notre Terre actuelle. Sur cette planète la densité matérielle n’était parvenue qu’au stade de l’élément liquide, la solidification minérale n’existait pas. La vie tout en fluidité s’écoulait en un flot vital sans limite de forme et de durée. Ainsi les règnes végétal et animal n’étaient pas différenciés comme aujourd’hui et notre Viscum album serait un « Animal-plante » de l’Ancienne Lune, transplanté dans les conditions de vie de la terre sans avoir été fondamentalement remanié. Ce qui expliquerait son fonctionnement très particulier et des caractères spécifiques à sa patrie d’origine.

De sa nature très ancienne, le Gui a gardé une énergie et des informations certainement déterminantes dans sa fonction thérapeutique.

Un comportement d’extra-terrestre

Pour étayer ce concept qui pourrait paraître insolite à plus d’un botaniste, nous allons nous pencher un peu sur les comportements de cet étrange végétal qui ne fait rien comme les autres.

Tout d’abord nous pouvons observer que le Gui fonctionne totalement à contre rythme. A l’inverse de la plupart des plantes, les forces de l’été n’ont pas de pouvoir sur ses fruits, c’est le gel de l’hiver qui va nourrir sa fructification (baies à maturité au moment du solstice) et sa floraison (février). La famille du Gui est répandue sur toute la terre. On trouve dans l’hémisphère sud, en Australie et en Nouvelle Zélande, le Viscum Rorthalsella. L’Afrique du Sud, l’Amérique du Sud accueillent aussi d’autres petits cousins et chose curieuse, tous fleurissent et fructifient au même moment. La différence est que pour les uns, c’est l’été et pour les autres, c’est l’hiver. Subissant l’action de forces différentes ils semblent tous unis par une mémoire ancestrale. Par contre l’efficacité thérapeutique du Viscum album ne se retrouvera pas chez les Guis de l’hémisphère sud.

Autre fait singulier chez le Gui, il ne change pas d’apparence. Mis à part la formation des fleurs et des baies, le Gui ne jaunit pas, ne flétrit pas, ne fane pas. Tout au long de l’année il verdoie dans toutes ses parties, de ce vert doré qui lui est propre. Le temps parait glisser sur lui, il reste étranger au rythme des saisons. Il perd bien ses feuilles tous les deux ans mais encore, feuille par feuille, si bien que cela ne se voit même pas…

Les processus morbides ne semblent pas avoir d’effet sur lui. N’oublions pas que dans l’Ancienne Lune, la vie se développait de façon entièrement fluide, donc plus vivante. La mort et la substance morte n’apparaissent qu’avec la densification terrestre. En se matérialisant la vie s’est incorporée des forces de mort. Le Gui a si peu d’affinité avec les processus de densification qu’il ne parvient pas, même à un âge avancé, à se lignifier. On observera tout juste un épaississement de ses tissus à la base, là où il « s’enracine ».

On remarquera également que pour se distinguer des autres végétaux, le Gui échappe totalement à la pesanteur terrestre qui règne sur le monde végétal. Pour le Gui, excentrique au possible, ces notions de haut et de bas n’ont aucun sens. Hors la loi des énergies terrestres, il peut pousser à l’horizontal si la graine s’est fixée sur le côté de l’arbre ou bien alors la tête en bas si la graine a germé au-dessous de la branche.

De sa nature « extra-terrestre » il faudra également retenir sa physionomie de plantule, comme arrêtée à un stade immature. Chez les plantes ordinaires, la plantule est le point de départ du végétal proprement dit. Embryon formé de deux feuilles indifférenciées appelées cotylédons, il dépend encore pour sa survie des éléments nutritifs contenus dans la graine. Ensuite le végétal quitte cet état de plantule une fois qu’il s’est lié aux substances minérales terrestres. A partir de ce moment il devient une plante à part entière, autonome, adulte manifestant ses caractères spécifiques, reflets des forces terrestres et cosmiques. Chez le Gui cette insertion dans le terrestre n’a jamais lieu aussi la forme de plantule se répète t-elle à l’infini. D’une certaine façon, le Gui demeure sa vie durant un embryon.

Mythe de Balder

Cette idée illustrée par le Mythe de Balder, est extrait de L’Edda, recueil de récits de la Mythologie nordique. Collectés et rédigés par un Islandais Snorri STURLSON, à la fin du 12ème s., les poèmes qui le composent remonteraient à des âges fort reculés.

L’histoire nous conte la mort de Balder, fils d’Odin et dieu de la Lumière et de la Beauté. Aucun dieu ne l’égale en sagesse et en pureté. Et d’ailleurs, tous aiment Balder. Tous sauf un. Loki n’est pas un dieu mais le fils d’un Géant. Jaloux de Balder et de ce qu’il représente, il décide un jour de le supprimer. La nuit, Balder fait de sombres rêves qui lui annoncent sa mort. Alertés et inquiets, les dieux tiennent conseil sur les décisions à prendre. Frigga, la mère de Balder, a une idée, elle décide d’entreprendre un voyage à travers toute la terre afin de demander à toutes les créatures terrestres de prêter serment de ne jamais nuire à Balder. Tous les minéraux, les végétaux, les animaux engagent leur promesse. Rassurés, les dieux s’amusent à frapper Balder avec toutes sortes de projectiles, le sachant désormais invulnérable. Et effectivement toutes les armes tombent avant d’atteindre Balder.

Intrigué Loki se rend chez Frigga, déguisé en vieille femme et lui demande ce que font les dieux. Frigga lui raconte le voyage entrepris pour assurer la sécurité de Balder et comment tout ce qui vit sur terre avait juré de ne jamais lui faire de mal. Mais elle ajoute : « Tous, sauf un petit arbrisseau qui s’appelle Gui. Celui-là m’a paru trop jeune, trop insignifiant pour que j’en exige un serment ». Frigga partie, Loki part à la recherche du Gui, l’arrache, en fabrique une flèche et l’apporte à l’endroit où les dieux se distrayaient. Hoder, le frère de Balder qui est aveugle, se tient assis à l’écart des jeux. Loki lui propose de l’aider à participer aux amusements des dieux et pour ce faire il lui tend la ramille de Gui, lui recommande de tirer de toutes ses forces et lui ,Loki, sera là pour diriger son tir. Hoder accepte avec joie et jette le Gui avec force en suivant les indications de Loki. Le rameau transperce le cœur de Balder qui tombe raide mort.

La symbolique de ce récit illustre parfaitement l’idée que le Gui ne fait pas partie des êtres terrestres. Balder incarne la force solaire de la terre. De ce fait, toute vie née de la terre lui est liée et ne peut lui nuire. A l’exception du Gui qui est étranger à cette matrice terrestre puisqu’il est le vestige attardé d’un autre monde. Frigg décrit le Gui comme un être « trop jeune », comme n’ayant pas atteint la maturité des plantes terrestres. Il est resté une sorte « d’animal-plante », un embryon de plante terrestre.

Rama et la plante sacrée des druides

Tous les grands récits mythologiques s’enracinent dans une vraie connaissance de la nature essentielle du monde. Les bribes qui nous sont encore accessibles demeurent des clés précieuses. C’est ainsi que nous trouvons dans l’Epopée de Ram, l’origine du Gui comme plante sacrée des druides.

Ram ou Rama dans les récits hindous, est un initié, un conquérant et le législateur qui va créer au cœur de l’Asie, de l’Iran jusqu’en Inde, un centre rayonnant, une impulsion spirituelle d’où vont partir plusieurs traditions.

C’est dans l’Antique Scythie qui va de l’Océan Atlantique aux mers polaires, que Rama voit le jour. A cette époque, les fils des hyperboréens dressent de gigantesques pierres dans la nature et les druidesses visionnaires prophétisent sous les arbres. C’est au cœur de la forêt, à l’ombre des chênes millénaires que l’antique race blanche a reconnu l’expression du Divin.

Les druidesses d’abord noblement inspirées sont devenues cruelles et ambitieuses. Les dieux réclament des sacrifices humains et le peuple s’enferme dans les superstitions.

Rama est alors un jeune prêtre plein de douceur et de sagesse qui aspire à la Science du Divin. Il connaît les secrets des plantes et le pouvoir des astres. Il voit aussi le devenir des choses, les druides l’appellent « Celui qui sait ». Rama s’insurge et s’inquiète de ces cultes fanatiques, quand un autre fléau s’abat sur la population. Les hommes meurent par milliers, atteints par la peste. Le jeune druide y voit le signe du châtiment céleste et tremble pour l’avenir de sa race.
Un soir, après avoir longuement médité sur les malheurs de son peuple, il s’endort sous un chêne, dans une clairière. Il entend dans son sommeil une voix forte l’appeler par son nom. En ouvrant les yeux il aperçoit devant lui un homme vêtu comme lui de la robe blanche des druides et qui tient à la main une baguette autour de laquelle s’entrelace un serpent. L’inconnu sans un mot le prend par la main, le fait lever et lui montre dans l’arbre sous lequel il était couché une très belle branche de Gui, et le lui désigne comme le remède recherché. Avant de disparaître il lui confie les différentes façons de préparer le Gui. A son réveil, Rama s’empresse de cueillir et de préparer le Gui suivant les indications de l’inconnu. Mêlé à une liqueur fermentée il fit boire ce nouveau breuvage à un malade qui guérit, puis à un deuxième, un troisième et il obtient ainsi des centaines de guérisons qui le rendirent célèbre dans toute la Scythie.

Rama confia sa découverte aux druide de sa peuplade en ajoutant qu’elle devait rester le secret de la caste sacerdotale. Cet événement fut l’origine d’un culte nouveau : le Gui devint une plante sacrée. Par la suite Rama partit à la conquête de l’Inde, entraînant avec lui l’élite de sa race. Il sera le fondateur d’un nouvel ordre social et spirituel. De ce centre rayonnant différentes colonies partiront essaimer à travers l’Asie et l’Europe. Seuls les Celtes d’Europe conservèrent le Gui de Chêne comme plante sacrée.

La Symbolique Celtique

A travers les différents noms utilisés par les druides pour désigner le Gui, on devine la haute considération dont il était l’objet ainsi que son rôle initiatique dans les anciennes traditions Celtes. On le nomme « Celui qui guérit tout », « Remède universel » ou bien encore « Herbe de Science ». Le terme druide nous éclaire déjà sur la fonction et le rôle sacerdotale du Gui dans les rituels druidiques.

Druide

Dru = racine grecque qui désigne le Chêne comme l’archétype de tous les arbres.
Deru = racine Celte qui veut dire Chêne et aussi force.
Vid = racine latine signifiant le Gui
Wissen = en Allemand désigne le savoir.
Widu = racine Celtique qui désigne le bois

(Pour les Celtes c’est dans la forêt que se trouve la Connaissance)
L’Association du Chêne et du Gui est donc la représentation végétale du druide, qui incarne comme elle Force et Connaissance. Le Chêne, arbre cosmique des Celtes mais aussi image de l’incarnation terrestre de l’homme, porte le Gui, plante céleste, symbole de l’intuition spirituelle. Le druide est l’homme qui porte la Connaissance divine, il est le médiateur du Ciel et de la Terre.

L’auteur latin PLINE nous rapporte : – « Les druides Celtes n’ont rien de plus sacré que le Gui et l’arbre qui le porte, surtout si c’est un chêne rouvre, arbre cosmique des Celtes ».

Les rites sacrés sont indissociables du Chêne et du Gui. On retrouve la vision du Gui comme plante cosmique dans le cérémonial de cueillette où il doit être récolté avec une faucille d’or dans un drap blanc et ne surtout pas toucher terre sous peine de perdre ses pouvoirs magiques.

Dans les récits populaires on le disait venu du ciel, apporté par la foudre, mais ne contient-il pas le germe de la lumière ? Et la Grive, animal céleste par excellence n’assure t-elle pas sa dissémination ?

Le Gui et la Lune

Nous avons vu plus haut l’affinité du Gui pour le milieu aqueux, sa consistance toute en plasticité et l’impérieuse nécessité pour lui de pousser dans un substrat liquide et vivant. La Lune règne sur les éléments aquatiques, c’est elle qui règle les marées et les menstruations des femmes. Le Gui porte sa signature. On peut voir en plein hiver ces petites baies blanches de formes sphériques, tout à fait lunaires, remplies d’une substance limpide, translucide et lumineuse.
Non seulement ses fruits sont sphériques mais il se développe de façon sphérique. Ce n’est pas par hasard si l’on dit une « boule de Gui ». Au bout de quelques années, il forme un parfait « globe » dans lequel on ne peut plus discerner ni haut, ni bas, ni commencement, ni fin et qui flotte dans l’espace, refermé sur lui-même, constituant un espace de vie qui lui est propre. Inséré dans l’espace terrestre et en même temps isolé de cet espace, il accomplit ce qu’il doit faire.

Sa cueillette s’effectuait en fonction des phases lunaires. Toujours selon PLINE : -« La cueillette du Gui avait lieu le 6ème jour de la Lune, jour choisi parce que la Lune est déjà dans toute sa force sans être à mi-cours ». La récolte du Gui se faisait donc la 7 ème nuit à compter de la Nouvelle Lune la plus proche du Solstice d’hiver ( moment où le Gui arrive à pleine maturité et acquiert toute sa force et ses qualités).

Il faut rappeler que les Celtes comptaient le temps en nuits et non en jours, mettant l’accent sur les forces en devenir, sur les énergies de croissance et non sur celles arrivant à terme, qui de ce fait amorçaient déjà leur déclin. Pour les Celtes c’est la nuit qui donne naissance au jour, la lumière est contenue dans les ténèbres, comme l’Être est issu du non-Être. De plus la nuit favorise l’éclosion du monde intérieur, c’est le royaume du rêve et de la Lune.

Maîtresse du temps, la Lune enseigne que la vie est rythme, qu’après le plus vient le moins, mais qu’il n’y a pas d’anéantissement.
Par sa faculté de résister au déroulement normal des saisons, d’ignorer les processus morbides, de manifester la vie, le Gui incarne la force vitale qui subsiste au-delà des apparences. Symbole de l’âme immortelle qui traverse la mort, comme le Gui, l’hiver. Cette capacité d’agir à contre rythme, de s’opposer à certains rythmes, fait du Gui une plante de haute valeur thérapeutique dans les pathologies cancéreuses.

Dans la tradition druidique le Gui est en même temps remède et plante initiatique.

Le Rameau d’or

C’est dans le poème épique de VIRGILE, Le Rameau d’or, tiré de l’Enéide, que nous trouvons l’idée du Gui comme plante de vie, capable de lutter contre la mort.

Dans la Mythologie grecque, Enée est un prince Troyen, seul chef survivant de la Guerre de Troie. Fils d’Aphrodite, il est promis à un brillant destin mais comme tous les héros, il devra affronter de terribles épreuves. Enée, afin de poursuivre sa destinée, doit retrouver son père Anchise, mort quelques temps auparavant, qui a d’importantes révélations à lui faire. Enée doit descendre dans le Hadès, les mondes souterrains. Mais ce n’est pas un voyage que l’on entreprend à la légère, il n’est pas donné aux communs des mortels d’avoir accès à ce que seule la mort autorise. Il va donc trouver la Sybille de Cumes, femme de grande sagesse qui le conseillera. La Sybille accepte de le guider jusqu’aux Mondes souterrains, tout en le mettant en garde, la difficulté n’étant pas d’y entrer mais d’en ressortir. Pour réussir dans son entreprise il lui faudra trouver le rameau d’or qui pousse sur un arbre de la forêt. Seul le rameau d’or lui permettra d’entrer dans le Hadès, de le traverser et de revenir sur ses pas.

Dans la forêt, Enée trouve le rameau que lui désigne deux colombes. La traversée s’annonce terrible. Sous ses yeux se déroulent tous les maux de l’humanité : famines, guerres, maladies, tout ce qui sème la mort et la détresse. Epouvanté, Enée veut fuir mais la Sybille lui dit qu’il n’a rien à craindre à condition de ne pas quitter des yeux le rameau d’or. Après bien des épreuves, Enée retrouvera son père et pourra quitter le Hadès grâce au rameau d’or.

Dans le Mythe d’Enée, le rameau d’or est bien sûr notre Viscum album qui apparaît ici comme un gage d’immortalité et de victoire sur la mort. C’est la plante magique qui permet d’ouvrir les mondes souterrains et protège de la mort.

Le Gui protège Enée et le guide dans les ténèbres, c’est la lumière qui permet de triompher des ténèbres du domaine de Pluton et d’en ressurgir, donc d’en ressusciter. C’est le symbole de la lumière initiatique, il permet l’accès à ce qui n’est habituellement pas accessible au commun des mortel, c’est la plante qui porte la Connaissance. N’oublions pas que dans le terme rameau d’or , il y a l’or, métal solaire lié à la vitalité, incorruptible et destiné aux rites sacrés. Les druides fabriquaient un Elixir à partir du Gui appelé « Breuvage de la Connaissance » qui accompagnait certains rituels initiatiques.

Le Gui, Plante de Lumière

De très vieilles croyances populaires attestent de la relation qu’établit le Gui avec la lumière, on disait que le Gui contenait la semence du feu déposée par la foudre (il porte en lui le germe de la Connaissance). Cette lumière, le Gui l’intériorise physiquement avec force, il possède une capacité à absorber la lumière qui est extraordinaire. On peut le remarquer en observant la substance translucide des baies en hiver que le soleil traverse. Le fait également que toutes les parties de la plante soient vertes, indique sa forte teneur en chlorophylle. La chlorophylle est le résultat de la photosynthèse, processus spécifique du monde végétal par lequel la plante absorbe du gaz carbonique et l’énergie lumineuse du soleil. Et chez le Gui tout est vert, les baies le restent environ 6 mois avant maturité, les fleurs sont d’un vert jaunâtre, même l’embryon est vert. Maisc’estun vert doré, lumineux qui habite le Gui, c’est le rameau d’or. Une fois sec, le Gui se transforme en bouquet doré.

Le Gui absorbe la lumière avec beaucoup d’intensité dans ce monde sombre qu’est l’hiver et cela dans des habitats où il ne reçoit presque pas de lumière extérieure.

Et comme décidément c’est un original, alors que les graines des autres végétaux ont besoin de l’ombre pour germer ( il leur faut la pénombre de la terre) la graine de Gui ne germe que si elle est exposée en plein jour, privée de lumière elle perd tout pouvoir germinatif.

Les relations du Gui et de l’arbre

On l’a vu, le Gui porte un message de vie, de protection. Il serait donc incompréhensible qu’il ne fasse pas profiter son hôte de ses bienfaits. On a longtemps cru et dit que le Gui parasitait l’arbre, l’épuisait jusqu’à le faire mourir. En réalité le Gui ne prend à l’arbre que de la sève brute (eau et sels minéraux puisés par les racines de l’arbre et aspirés vers le sommet ). En échange le Gui va lui transmettre des sèves élaborées, riches en substances nutritives et des anti-corps sous forme d’enzymes. Pour les Anciens, le Gui était vu comme le cœur vivant de l’arbre endormi. Si l’on devait abattre un arbre, il était nécessaire avant tout de couper le Gui sinon l’arbre resterait invulnérable…

Dans la nature le Gui a une fonction importante puisqu’il ne s’installe que sur des arbres fragilisés, en état de faiblesse, pour leur permettre de se maintenir en vie. On le trouve aussi sur des arbres dont les conditions de vie sont défavorables (certaines énergies telluriques). Une expérience a été menée pendant six ans en Normandie, sur des pommiers portant du Gui. Durant toute cette période, à chaque printemps on a défolié tous les arbres, ils n’étaient donc plus en état d’élaborer leur photosynthèse, ne possédant plus aucune feuille. Les arbres ont survécu…

Le Gui aide et soutient l’arbre. Il a le pouvoir de reconnaître des structures de cellules non physiologiques, de repérer des dysfonctionnements cellulaires et d’agir en conséquence, grâce notamment aux lectines, substances dont la fonction est de freiner la division cellulaire, la formation de tumeurs et de recréer des connexions quand s’installent des fonctionnements trop autonomes ( ex. pathologies cancéreuses). Pour l’arbre comme pour le corps humain, le Gui crée un espace de vie qui ne serait pas possible sans lui. Selon l’arbre sur lequel il pousse, le Gui va développer des qualités différentes.

Noël, Fête de la Lumière.

Accompagné du Houx et de l’Epicéa, le Gui apporte son message de vie qui prend tout son sens au moment de Noël et des fêtes de fin d’année. Noël ancienne fête païenne du solstice d’hiver représente le moment le plus sombre de l’année et en même temps celui où le soleil va bientôt remonter dans le ciel. Passage obligé où l’homme doit traverser ses propres ténèbres pour retrouver la lumière. Alors que la Fête de la Saint Jean célèbre la manifestation de la force solaire dans toute sa plénitude, Noël nous invite à nous relier à notre lumière intérieure. C’est le tison conservé du feu rituel du solstice d’été qui allumera la bûche de Noël dans la cheminée. Geste par lequel se rejoignent la lumière cosmique et la lumière de notre conscience divine.

La coutume de suspendre du Gui dans les maisons pour les des fêtes de fin d’année parle du désir au plus sombre de l’hiver de nous souvenir de notre nature spirituelle. C’est à ce moment que le Gui incarne vraiment la promesse que de l’obscurité la plus sombre naît toujours la lumière.

Le Gui

Le gui, c’est en hiver qu’on le retrouve, il était pour les druides le symbole de l’immortalité, peut-être parce qu’il reste vert. C’était le remède universel, la plante sacrée ils croyaient qu’il poussait sur les chênes grâce à une main divine. Il était brûlé pour rendre hommage aux divinités puis une partie était donnée aux assistants qui le suspendaient à l’entrée de leur maison ou autour de leur cou en guise de protection. Lorsqu’ils accueillaient les invités, ils les embrassaient dessous pour leur porter bonheur. Mais le baiser sous le gui peut aussi signifier une promesse de mariage pour les amoureux.

La tradition du baiser sous le gui est à l’origine une croyance païenne.
Chez les Druides, le gui était considéré comme une plante sacrée. Selon eux, cette plante avait des propriétés miraculeuses, dont celles de guérir certaines maladies, d’immuniser les humains contre les poisons, de leur assurer la fertilité et de les protéger des méfaits de la sorcellerie. De plus, lorsque des ennemis se rencontraient sous le gui dans la forêt, ils devaient déposer leurs armes et observer une trêve jusqu’au lendemain. C’est de là que proviendrait, paraît-il, cette ancienne coutume de suspendre une boule de gui au plafond et d’y échanger un baiser en signe d’amitié et de bienveillance.
Une autre version raconte cependant que cette coutume, fort répandue chez les Anglo-saxons, était rattachée à la légende de Freya, déesse de l’amour, de la beauté et de la fécondité. Selon la légende, un homme devait embrasser toute jeune fille qui, sans s’en rendre compte, se trouvait par hasard sous une gerbe de gui suspendue au plafond. Même si sa signification païenne a été oubliée depuis bien longtemps, la coutume d’échanger un baiser sous le gui persiste encore dans de nombreux pays. Ainsi, un baiser échangé sous le gui par un couple d’amoureux est interprété comme une promesse de mariage, tout en se voulant un présage de bonheur.

Claire BONNET