Les bûcherons inquiets pour leur métier et la forêt

Il y a 20 ans, l’Alsace comptait un millier de bûcherons. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 500 à travailler à l’ONF et dans les syndicats intercommunaux. Photo Jean-François Frey

Les bûcherons alsaciens CFDT dénoncent le démantèlement de l’ONF et le gel des embauches. Eux aussi participeront à la manifestation intersyndicale du 13 juin.

« L’activité bois reprend, la demande augmente, mais l’ONF n’embauche plus, explique Patrick Bangert, bûcheron délégué CFDT. Les CDD des jeunes ne sont plus transformés en CDI, les apprentis formés pendant deux ans ne sont plus engagés : un vrai gâchis. »

Pourtant, le président de la République a annoncé, le 19 mai dernier à Urmatt, sa volonté de valoriser la filière bois française ( L’Alsace du 20 mai). Les syndicalistes lui avaient demandé audience pour lui expliquer leur point de vue : « Le président Sarkozy n’a pas daigné recevoir les personnels de l’ONF et des communes forestières. Nous avons été tenus à distance par un impressionnant cordon de CRS », dénoncent François Mourot et Gilbert Thirion.

Que voulaient-ils lui dire ? « Que le démantèlement du service public de l’ONF et la recherche de productivité à tout prix mettent en péril l’avenir du métier de bûcheron et de la forêt française. »

Les revendications

Que revendiquent-ils ? « L’embauche de jeunes pour rétablir l’équilibre de la pyramide des âges, pour remplacer les départs à la retraite. Ce n’est pas avec des bûcherons âgés qu’on fera des gains de productivité. Nous demandons aussi la reconnaissance de la pénibilité de notre travail et la possibilité d’une retraite anticipée. Dans notre métier, le taux d’accidents du travail est très élevé et l’âge moyen des bûcherons en incapacité de travail est de 52 ans et demi. » Enfin, la CFDT proteste contre le retour aux 39 heures en 2010 : « Une décision unilatérale de la direction de l’ONF. »

« On sacrifie le facteur humain »

Il y a 20 ans, l’Alsace comptait un millier de bûcherons. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 500 à travailler à l’ONF (216 équivalents temps plein) et dans les syndicats intercommunaux des zones forestières. L’ONF fait de plus en plus appel à la sous-traitance, aux entreprises privées de France et d’ailleurs, et aux abatteuses forestières : « Une machine fait le travail de huit bûcherons et détériore les sols. On sacrifie le facteur humain au profit de la productivité. Ce n’est pas de la gestion durable de la forêt. C’est oublier que le bûcheron communal ou ONF a aussi pour mission d’entretenir les plantations et les chemins, sous la direction des forestiers. »

Elisabeth Schulthess

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